L’emploi salarié dans les secteurs marchands a perdu 22 400 postes au 2e trimestre 2012 (-0,1% sur trois mois), dont 18 900 d’intérimaires. Ce secteur, longtemps considéré comme la clef de la sécurisation de l’emploi en France, n’est plus à l’abri des vagues de licenciements.
Atlantico : Le secteur marchand s’est rétracté au second trimestre 2012 provoquant la destruction de plusieurs milliers d’emplois dans l’intérim. Dans la conjoncture actuelle, qu’en est-il de ce que l’on a considéré comme le modèle français de sécurisation de l’emploi ?
Rachid Belkacem : Il est vrai que pendant longtemps, la rhétorique selon laquelle l’intérim était la clé vers la sécurisation de l’emploi a eu cours en France. En réalité, en dépit de la conjoncture actuelle, je doute que l’on puisse considérer que ce soit la fin d’un modèle. L’intérim est destiné à jouer un double rôle, à la fois celui d’amortisseur et celui de facteur d’anticipation, tel que le ferait un baromètre de l’activité économique. La rétractation des emplois en intérim indique donc de façon claire que l’on subit encore la crise. Cela révèle l’humeur d’ensemble des entreprises, de plus en plus inquiètes quant à l’avenir. Dès lors que l’économie se portera mieux, mécaniquement, l’intérim reprendra aussi des couleurs. Nous sommes donc au niveau macro-économique dans une période de ralentissement général.
En fait, le phénomène que l’on constate est inhérent à la nature de l’intérim. C’est la façon la plus rapide pour les entreprises de trouver de la main d’oeuvre et de sélectionner le bon candidat. C’est une formule idéale de sélection des futurs salariés en période de recrutement. On est quand même dans un contexte de baisse tendancielle de la durée des missions d’intérim. Cela traduit sa troisième fonction, qui est celle de la souplesse et de la flexibilité du travail. Quoi qu’on en pense, ce sont des facettes qui se complètent et qui font partie du modèle de l’emploi européen et mondial.
On peut donc considérer, malgré la conjoncture, que l’intérim reste un modèle de sécurisation de l’emploi ?
Sans doute. Je crois que l’intérim a encore un rôle a jouer en termes de trajectoire mais il y a encore tout un équipement institutionnel à construire. Pour l’instant, l’Intérim s’aligne encore sur le même modèle que le CDD : une fois la mission terminée, l’intérimaire n’est plus lié contractuellement avec son employeur temporel. Il faut pouvoir l’accompagner grâce à des dispositions permettant d’encadrer la trajectoire professionnelle…
Chômage des intérimaires : la face sombre du soi disant modèle …
http://www.atlantico.fr/decryptage/chomage-interimaires-face-sombre-soi-disant-modele-francais-securisation-emploi-rachid-belkacem-480726.html
Discussion
Pas encore de commentaire.