On n’aurait pas osé y penser : les travailleurs finlandais et allemands vont payer les allocations- chômage des Français, des Espagnols et des Grecs. Une belle Europe fédérale à la mode parisienne.
C’était un appel au secours, une invitation à ouvrir les yeux sur les vertus de l’Europe. Rien n’y a fait. David Cameron a éconduit le comité Nobel qui a décerné le Prix de la paix à l’Union européenne (UE). Le premier ministre britannique a décidé de lâcher un peu plus les amarres. Lundi 15 octobre, à Westminster, sa ministre de l’intérieur, Theresa May, a annoncé que son pays comptait se désengager de l’Europe de la justice et de la sécurité. Applaudissements des rangs eurosceptiques. Sherlock Holmes restera anglais. Fini le mandat d’arrêt européen, lequel avait permis l’interpellation en 2005 en Italie d’un des poseurs de bombes des attentats de Londres.
D’ici à 2014, le Royaume-Uni compte abandonner en bloc quelque cent trente politiques européennes. Leur crime ? Celles-ci doivent passer cette année-là sous le régime européen de droit commun : dépendantes de la Commission, soumises au verdict de la Cour de Luxembourg. C’est too much pour un pays dont le juge suprême est le Parlement.
Nous n’avions pas vu venir le coup. Admirables négociateurs, les Britanniques truffent les traités de codicilles, d’options offertes naïvement par les continentaux. Et ils en profitent aujourd’hui pour tirer leur révérence.
Si rien n’est scellé définitivement, la lame de fond est puissante. Le divorce devient chaque jour plus probable. Soumis à la pression grandissante des eurosceptiques, David Cameron a chargé au printemps ses ministres d’inventorier les domaines dans lesquels l’Europe n’était pas indispensable. Fort de leurs doléances, le premier ministre conservateur compte renégocier encore plus de clauses d’exemption à Bruxelles. Le compromis devrait être soumis à référendum, sans doute après les élections générales prévues en 2015.
Les Britanniques ne furent consultés sur l’Europe qu’une seule fois. C’était le 5 juin 1975. Mécontent de la manière dont les conservateurs avaient négocié l’adhésion du Royaume-Uni, le Labour s’était engagé à consulter les électeurs par référendum. Après son entrée au 10 Downing Street, le premier ministre travailliste Harold Wilson avait renégocié quelques broutilles – comme le droit d’acheter du beurre néozélandais. 67,2 % de la population se prononça en faveur du maintien du Royaume-Uni dans la communauté. Quarante ans plus tard, David Cameron espère sauver une participation minimale de son pays dans l’Europe…
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